lundi 18 mai 2015

Avalanche

J'ai été pris dans l'avalanche,
J'y ai perdu mon âme;
Quand je ne suis plus ce monstre qui te fascine,
Je vis sous l'or des collines.
Toi qui veux vaincre la douleur,
Tu dois apprendre à me servir.

Le hasard t'a conduit vers moi
Pauvre chercheur d'or.
Mais ce monstre que tu as recueilli
Ignore la faim ignore le froid;
Il ne recherche pas ta compagnie,
Pas au cœur, au cœur du monde.

Si je suis sur un piédestal,
Je le gravis seul.
Tes lois ne m'obligent à rien.
Ni fessée ni prière.
Je suis moi-même le piédestal
Par cette marque hideuse qui te fascine.

Tu ne pourras vaincre la douleur,
Sans être généreuse;
Ces miettes d'amour que tu m'offres,
Ne sont que les restes de mes festins.
Ta douleur ici ne vaut rien,
Ce n'est que l'ombre l'ombre de ma blessure.

Pourtant vois comme je te désire,
Moi qui n'ai plus d'envie.
Vois comme partout je te chante,
Moi qui n'ai plus de désirs.
Tu penses m'avoir abandonné,
Mais je frémis encore quand tu soupires.

Ne mets pas ces haillons pour moi,
Je sais que tu es riche;
Ne m'aime pas aussi férocement,
Si tu ne sais plus ce qu'est l'amour.
A toi de jouer allez viens,
Regarde j'ai revêtu ta chair.

@ L. Cohen



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